18.3.12

Fin d'une danse

La mélodie devenue plus lente annonçait la fin prochaine de la chanson, et ils ne parvenaient toujours pas à donner à leur danse une figure de nécessité. Ni l’ampleur de la ronde, ni le goût de l’intimité. Ses doigts ne prenaient pas dans le terreau de ses paumes. Malgré l’envie, il manquait l’évidence à leurs gestes ; et la pointe de leur chaussures s’agaçait l’une sur l’autre avec un faux air de bousculade.
Ils anticipèrent les dernières notes de l’orchestre, dégageant leurs souffles de leurs cous,  ne se tenant plus que du bout des coudes, ses lèvres boudeuses et son œil désolé. La lumière des lampions éclairaient en vain leurs profils contraints. Ils se voyaient à cru, sans douceur ni tendresse, comme dans le plein jour sans charme du soleil quotidien. Ils se sourirent pour s’excuser, se remerciant poliment l’un l’autre d’être venus malgré tout, et chacun regagna aussitôt son corps solitaire. Assis de nouveau de part et d’autre de la foule debout, comme avant, un peu plus épuisés seulement d’avoir tant essayé.